La Grèce vote dans un scrutin crucial pour son avenir dans l'euro

Publié le par jean-Jacques

"La Grèce a vaincu la peur", a lancé, tout sourire la vedette du scrutin, Alexis Tsipras, enfant terrible à 37 ans d'une gauche radicale qui fait trembler les chancelleries européennes en affirmant vouloir en finir avec la cure de redressement prescrite au pays.

En retour, partenaires et prêteurs du pays ont menacé de lui couper les vivres et le pousser hors de l'euro.

"Nous ouvrons la voie à une Grèce de justice sociale, membre à égalité d'une Europe qui change", a ajouté M. Tsipras, entouré d'une cohue de journalistes après avoir voté dans quartier populaire d'Athènes.

"Une nouvelle ère commence pour la Grèce" a également jugé son rival de droite, Antonis Samaras, 61 ans, parti voter dans son fief de Messinie, dans le Péloponnèse.

Face à la gauche radicale (Syriza), lui, se présente comme le garant du maintien de la Grèce dans l'euro, même s'il demande un adoucissement de la cure de rigueur.

Les deux camps sont au coude-à-coude selon les sondages, mais jeudi, la Bourse d'Athènes avait parié sur une victoire de droite en bondissant de 10%.

De premières indications sur l'issue de leur duel seront disponibles au moment de la fermeture des bureaux de vote, à 19H00 (16H00 GMT), avec la diffusion par les chaines de télé d'un sondage.

Les responsables des pays riches et émergents du G-20 se tiennent prêts à réagir à Los Cabos au Mexique où ils se réunissent lundi, tandis que les marchés financiers asiatiques sont sur le qui-vive.

"C'est une élection qui rend les gens très très anxieux" a affirmé dimanche Andrieu Pappas, 62 ans, après avoir voté pour la Gauche démocratique modérée dans une école de Kolonaki, dans le centre d'Athènes.

"Je souhaite que la Grèce reste dans la zone euro et l'Union européenne. Nous pensions que c'était assuré. Nous n'avons jamais eu à faire face à une situation comme celle-ci" a-t-il ajouté.

Selon les sondeurs, ni la Nouvelle Démocratie de M. Samaras ni le Syriza n'atteindront le seuil d'environ 37% donnant la majorité absolue au Parlement. Les socialistes du Pasok et/ou le Dimar devraient du coup être sollicités par le vainqueur pour la formation d'une coalition, dans un délai constitutionnel d'une dizaine de jours.

Considéré comme "le troisième homme", le chef du parti socialiste Pasok, Evangélos Vénizélos a réaffirmé son attachement à la formation d'un gouvernement d'union nationale pour que la Grèce reste dans l'euro.

"Seule la responsabilité commune d'un gouvernement d'union nationale peut nous donner un pays uni et une crédibilité internationale", a dit M. Vénizelos qui votait à Salonique, la grande ville du nord de la Grèce.

La presse grecque dramatisait aussi les enjeux. "Les yeux de la planète sont fixés sur la Grèce" titait le libéral Kathimérini, tandis que le centre-gauche To Vima estimait que le pays "vote sous la menace explicite d'une sortie de l'euro".

"Bien sûr il y a un risque de voir la Grèce quitter l'euro mais tout cela a à voir avec une situation d'ensemble en Europe. Je pense que la solution sera globale" se rassure Tonia Katerini, une architecte de 54 ans, qui a voté Syriza.

"Ces deux dernières années ont été très dures pour la plupart des gens, nous devons opérer un grand changement" ajoute-t-elle.

Sorti du même bureau de vote de Kolonaki, Emmanuel Kamkoutis, 68 ans, indique avoir voté à droite: "je veux un gouvernement pro-européen (...) il serait idiot de quitter l'euro" dit-il à l'AFP. "Nous avons signé quelque chose" le memorandum, "nous ne pouvons pas le retirer comme ça".

N'y tenant plus à quelques heures du scrutin, la chancelière allemande Angela Merkel a rompu avec la neutralité qu'elle affichait, jugeant samedi "important" que les Grecs dégagent une majorité respectant ces engagements de rigueur. En clair, un appel à voter à droite.

Le journal allemand Bild s'est lui prévalu dans une lettre ouverte aux Grecs que leurs distributeurs de billets ne soient alimentés en euros que grâce aux Allemands.

"Si les partis qui veulent en finir avec l'austérité et les réformes (...) changent les termes de chaque contrat, nous cesserons de payer" a ajouté le populaire premier quotidien allemand.

Le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, avait auparavant appelé les Grecs à "être conscients" de "l'effet dévastateur" qu'aurait une sortie de l'euro et de l'UE.

Samedi soir, contre toute attente, les Grecs ont toutefois eu la satisfaction de rester dans l'Euro, le championnat d'Europe de football, leur équipe nationale gagnant par 1 à 0 contre la Russie, pourtant favorite de son groupe.

Le succès, qui a fait souffler une bouffée d'air frais dans un pays rongé par la crise, pourrait conduire la Grèce à défier l'Allemagne en quart de finale en fin de semaine à Gdansk (Pologne) si cette équipe obtenait entretemps sa qualification.

La presse sportive grecque en profitait pour s'offrir un sursaut patriotique face à l'Allemagne: "Amenez nous Merkel" titrait Goal, "Vous n'allez jamais sortir la Grèce de l'Euro" ajoutait le journal en jouant sur les deux sens du mots.

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